REFLEXIONS AU MATIN D'UN AU REVOIR par Jean-Marc Duckert, Ormoy la rivière, France
Voici quelques extraits d'une lettre de Jean-Marc Duckert, écrite le lendemain du décès de sa mère Margrit Duckert (décédée le 1.10.93).
Hier, nous étions là, debout, fixant ce corps vide de vie et méconnaissable, chantant: "Mon âme se repose en paix sur Dieu seul". Mais il y a tant de réconforts: cette image que maman a eue, quelques semaines avant sa mort que le "un seul corps" du sacrement du mariage deviendrait encore plus réalité maintenant. Ce sentiment que maman portait en elle que sa tâche ici bas était accomplie, cette impression nette qu'elle nous a laissée de quitter cette vie pleinement guérie dans son âme, libre de toute blessure ou péché, de toute déception ou faille dans son caractère. C'est enfin de la savoir au bout du monde, avec Jenny-Anne et sa famille à Tonga, en même temps que sur mon épaule, dans le coeur de notre fils Daniel, avec papa et tant d'autres - en même temps.
Vers la fin, elle appelait Dieu de toutes ses forces: "Prends ma main dans ta main", "Aide-moi", et Dieu était visiblement là, et elle de plus en plus avec Lui, dans une paix incroyable. C'était une expérience importante pour nous de vivre cela avec elle et de découvrir de nouvelles facettes de cet amour du Père et de cette présence du Christ.
Je pense avec reconnaissance au courage de papa qui a osé garder maman jusqu'à la fin, là où elle était le mieux, à la maison, même si souvent il se sentait bien impuissant. Je pense aussi au courage de Jenny-Anne, osant miser sur la vie, suivant littéralement le Seigneur jusqu'au bout de la terre, plutôt que de s'accrocher à ses racines humaines. Ce qui nous a tous beaucoup nourri, ce sont les témoignages d'un nombre inimaginable de personnes, notamment dans cette région de Bienne où maman a été assistante de paroisse pendant douze ans.
Finalement je me rends compte que je sais si peu sur cette riche personne pourtant si proche. Si c'est le cas avec maman, combien j'ai a apprendre à mieux regarder chaque personne! Ces dernières années, quelque chose s'est peu à peu transformé en maman, la conduisant vers un plus grand détachement, une plus grande paix et liberté intérieure, et un amour plus simple et profond pour Dieu et les gens. Quel était le ressort, le mystère de cette évolution? Elle ne le mettra jamais en mots pour moi, mais sa vie, plus que jamais, me marque et m'inspire. Merci pour cette vie, merci pour la vie, maman! .
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